Les personnes âgées dans les services de psychiatrie des Hauts-de-France

Des taux de prise en charge plus faibles que chez les plus jeunes

Les personnes âgées présentent une situation paradoxale en santé mentale ; leur niveau de recours aux médicaments psychotropes est le plus élevé [1], alors que leurs recours aux services de psychiatrie (ambulatoires ou hospitaliers) sont plus rares [2,3] et que leurs troubles mentaux repérés par le Mini dans l’enquête Santé mentale en population générale semblent moins fréquents [4]. Les tentatives de suicide des âgés sont également plus rares que chez les personnes plus jeunes, mais la mortalité suicidaire connaît des taux plus élevés chez les 65 ans et plus [5].

Dans cette figure du mois, nous nous sommes intéressés à la part des personnes âgées prises en charge en service de psychiatrie dans les Hauts-de-France.

Méthodologie

Le nombre de personnes de 65 ans et plus domiciliées dans les Hauts-de-France prises en charge en service de psychiatrie a été extrait des bases du Recueil d’informations médicalisé en psychiatrie pour l’année 2017. Le nombre d’habitants de 65 ans et plus a été calculé à partir des bases de l’Insee pour l’année 2016. 

Le taux de prise en charge a été calculé à l’échelle du bassin de recrutement des établissements sectorisés pour la psychiatrie adulte.

NB : toutes les personnes âgées ne sont pas prises en charge dans l’établissement public dont elles relèvent pour la psychiatrie (elles peuvent l’être dans des établissements non sectorisés ou hors de leur secteur, telle une personne domiciliée à Lille mais prise en charge à Paris).

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En 2016, la population de 65 ans et plus représente environ 17% de la population régionale totale ; cette part varie cependant pratiquement du simple au double, de 12,4% pour le territoire couvert par EPSM de l'Agglomération lilloise (Lille, Roubaix et Villeneuve d’Ascq) à 22,8% pour celui couvert par le Centre hospitalier d’Abbeville.

Résultats 

En 2016, les Hauts-de-France comptaient environ 1 million de personnes âgées de 65 ans ou plus, soit 16,9% de la population régionale. L’aire couverte par l’EPSM de l’agglomération lilloise (Lille sans les communes associées, Roubaisis et Villeneuve d’Ascq) en comptait le moins (12,4%), celle couverte par le Centre hospitalier de l’arrondissement de Montreuil en comptait le plus (22,2%).

- Part de la file active

Les 65 ans et plus constituent 9,4% de la file active générale des services de psychiatrie (minimum 5,5% - médiane 9,8% - maximum 17,8%) ; le rapport entre valeur maximale et minimale est donc de 5,5.

- Taux de prise en charge en population

  • Vue d’ensemble

Le taux de prise en charge diminue avec l’avancée en âge, jusqu’à 75 ans, puis se stabilise, à 1,6-1,7% de la population de même âge (cf. tableau ci-dessous). Ce constat avait déjà été fait en 2015 à propos des patients des Centres médico-psychologiques [3].

Classe d'âge Tous âges 65-69 ans 70-74 ans 75-79 ans 80-84 ans 85 ans et + 65anset+
Taux de prise en charge 3,8 % 2,5 % 2,2 % 1,6 % 1,6 % 1,7 % 2,0 %
  • Chez les seniors

2,0% de la population de 65 ans et plus est prise en charge en service de psychiatrie, contre 3,8% tous âges confondus. Selon les bassins de recrutement des établissements de santé, ce taux varie de 0,9%, pour le bassin couvert par le centre hospitalier de Bapaume, à 5,0%, pour celui du CHU de Lille ; la médiane est de 1,8%.

Les secteurs urbains (partie du bassin minier, Lille-Roubaix-Tourcoing, Oise …) ont, plus souvent des taux plus élevés que les secteurs ruraux (Montreuillois, territoires de Bapaume, Péronne, Fourmies …), mais il existe des exceptions à cette tendance, comme dans l’Arrageois et l’Amandinois.

Discussion 

Les personnes âgées ont un taux de prise en charge en psychiatrie près de deux fois inférieur à la moyenne tous âges ; ce taux diminue avec l’avancée en âge chez les seniors. Leur part dans les services de psychiatrie est beaucoup faible qu’en population générale, ce qui pose la question de l’accessibilité aux soins et de l’organisation mise en œuvre pour toucher les seniors présentant des troubles mentaux. 

Références 

[1]        Plancke L, Benoît E, Chantelou M-L, Amariei A, Vaiva G. Le recours aux médicaments psychotropes dans le Nord – Pas-de-Calais (France). Thérapie 2009;64:279–87. https://doi.org/10.2515/therapie/2009038.

[2]        Plancke L, Amariei A. Le recueil d’informations médicalisé en psychiatrie est-il apte à décrire les prises en charge et leurs bénéficiaires dans le Nord - Pas-de-Calais ? F2RSM 2014.

[3]        Lepage C, Amariei A, Plancke L, Danel T. Les Centres médico-psychologiques des Hauts-de-France. Activités et publics décrits dans le RimP en 2015. Lille: F2RSM Psy; 2017.

[4]        Giordana JY, Roelandt JL, Porteaux C. La Santé Mentale des personnes âgées : Prévalence et représentations des troubles psychiques. L’Encéphale 2010;36:59–64. https://doi.org/10.1016/S0013-7006(10)70018-X.

[5]        Plancke L. Épidémiologie des conduites suicidaires des personnes âgées. NPG Neurologie - Psychiatrie - Gériatrie 2016. https://doi.org/10.1016/j.npg.2016.04.002.