Pensées et conduites suicidaires pendant et après le premier confinement 2020

Des niveaux plus élevés qu’au niveau national dans les Hauts-de-France 

Introduction

L’augmentation du risque suicidaire a été de multiples fois suggéré depuis le début de la pandémie à Covid-19, en raison des effets que peut entraîner la pandémie tels que la majoration de l’isolement social, la distanciation sociale, la peur d’être malade ou de contaminer les autres, ou encore les difficultés financières en cas de diminution ou arrêt de l’activité professionnelle (1,2). Cependant, ces suggestions sont modérées par les données récentes qui observent une baisse du nombre global d’hospitalisations pour geste auto-infligé entre mars et août 2020 (3).

Méthode 

Les données présentées sont issues d’une étude observationnelle descriptive menée en septembre 2020 par l’Institut français d’opinion publique (Ifop) par l’intermédiaire d’un questionnaire administré à 2000 personnes de plus de 18 ans résidant en France métropolitaine (4).  Les fréquences de tentative de suicide, d’idéations suicidaires - pendant et après le premier confinement- et de connaissance d’une personne suicidée sont présentées à l’échelle de la France métropolitaine et des Hauts-de-France.

Résultats

La région Hauts-de-France est marquée par un taux de réponse supérieur au taux national concernant les antécédents d’hospitalisation pour tentative de suicide au cours de la vie entière ainsi que pour les idéations suicidaires pendant et après le premier confinement. Le nombre de personnes ayant connu la situation du suicide d’un proche au cours de la vie entière est également plus élevé qu’au niveau national, tout comme le taux de personnes ayant pensé vaguement au suicide au cours de la vie entière, pendant et après le confinement. Les taux sont en revanche identiques pour les idéations suicidaires au cours de la vie entière.

Capture drecran 2021-03-29 a 16.24.43 Retrouvez la figure

Limites

L’échantillon ne prenait en compte que la population résidant en France métropolitaine et les données sont déclaratives. Il est donc possible que les taux soient sous-estimés. Par ailleurs les taux n’ont pas été comparés à des taux antérieurs à la période de pandémie. Enfin, la significativité des écarts région-France n’est pas présentée dans l’étude.

Conclusion

La région Hauts-de-France a été marquée par un taux plus élevé d’idéations suicidaires déclarées qu’au niveau national durant le premier confinement. Alors que les effets de la crise sur le taux de tentatives de suicide en France ne sont pas encore connus, ces résultats appellent toutefois à une certaine vigilance et réactivité des services de soins psychiatriques dans l’éventualité du prolongement de la crise sanitaire.

Références

1. Gunnell D, Appleby L, Arensman E, Hawton K, John A, Kapur N, et al. Suicide risk and prevention during the COVID-19 pandemic. The Lancet Psychiatry. juin 2020;7(6):468‑71. 

2. Sher L. The impact of the COVID-19 pandemic on suicide rates. QJM: An International Journal of Medicine. 1 oct 2020;113(10):707‑12. 

3. Jollant F, Roussot A, Corruble E, Chauvet-Gelinier J-C, Falissard B, Mikaeloff Y, et al. Hospitalisations pour geste auto-infligé durant la première partie de la pandémie à COVID-19 en France : à partir des données du PMSI. 2020 mars 1; Observatoire National du Suicide, Paris. 

4. Fourquet J, Dubrulle J-P, Debout M. Les Français et le suicide [Internet]. Paris: Ifop; 2020 oct p. 81. Disponible sur: https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2020/11/117599-Rapport.pdf